Le Phare; Le Havre / dans le cadre du festival Pharenheit

Dès l’abord, on pressent le jeu. Sur le plateau, au sol, les lignes des gaffeurs colorés dessinent un carré central entouré de 8 espaces…  Comme un jeu de pendu… Les quatre interprètes, chacun dans leur coin de l’espace de jeu, revêtent un gilet. Ils s’engagent; composent une figure; se dégagent; composent une autre figure. Cela s’apparente à une succession de tableaux vivants, parfois assez dérangeant comme celui de l’exécution avec un gisant et un condamné à genoux attendant le coup. Et que les danseurs soient hongkongais donne un sens glaçant à la pose en sachant les pratiques du régime chinois. Mais cela glisse vite. Les poses ne sont que des passages et surtout, très rapidement, on suppose une règle : il faudrait donc enchaîner ces positions sans jamais se tromper en ajoutant à chaque fois une intention. A la buraku, en karaoké, en danse classique, dans le noir avec une lampe frontale, etc… Et sans se tromper ni mordre sur les limites sinon le signal sonore rappelle à l’ordre. L’attention se prend au jeu. S’efforce de décoder la consigne, de repérer celui qui n’a pas usé des bonnes zones de sortie d’espace. Mais les danseurs échangent, voire  enfreignent subtilement. Les consignes restent obscures, l’humour et même un rien de grotesque se glissent la dedans. Cette petite distance qui évitent de tomber dans le Hunger game ou les jeu du stade. Et dans le fond, un éloge de la légère subversion.

A noter,
L’histoire de la pièce et sa production sont presque une création en soi. Invité en septembre 2015 a donner un atelier au West Kowloon Cultural District Authority de Hong Kong et du chorégraphe Ong Yong Lock, Emmanuelle Vo-Dinh accepte de donner une suite, mais à domicile, et envisage plus, mais à charge de monter le projet avec les voyages qui vont avec. L’implication des partenaires hongkongais a été totale au point que la pièce commence une carrière internationale et va au Japon! Au jour de la géopolitique de la région, c’est un exploit.

Une référence,
Le jeu comme mode de développement d’une pièce chorégraphique est un très vieux concept. Il y a trace d’un Ballet des Echecs en 1607… Plus près de nous, le jeu de carte fut illustré par Balanchine (1937) ou Charrat (1945). Mais, dans les exemples les plus récents, c’est du Match à 4 (2014) de Nadine Beaulieu que ce Simon Says se rapproche le plus.